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Conversion pastorale de Montpon par les cellules paroissiales d’évangélisation – Diocèse de Périgueux

Le contexte (2018) :

La paroisse du Montponnais, en Dordogne, regroupe 16 clochers, celui de la commune centrale de Montpon (5600 hab) et ceux des villages avoisinants, soit plus 16.000 hab. au total. Le Père Bruno de Béru en est curé depuis 2009, après une première expérience pastorale qui a suivi son ordination en 2004. La durée de son mandat n’est pas prédéterminée. Il a avec lui une Equipe d’Animation Pastorale (EAP) de quatre personnes. Le contexte est celui d’un milieu rural, avec une population vieillissante.

Au niveau du diocèse, le message pastoral diffusé par Mgr Philippe Mousset en avril 2018, après trois ans de visites dans les paroisses, s’intitule : se tourner ensemble vers l’avenir avec en exergue Mt 28,19, Allez ! De toutes les nations faites des disciples…Le document de 24 pages, téléchargeable sur le site du diocèse, aborde les difficultés de l’Eglise en milieu rural, telle celle du renouvellement des équipes ou l’exercice de la fraternité entre des clochers où l’eucharistie ne peut plus être célébrée tous les dimanches. L’avenir, c’est l’évangélisation permanente dans la pastorale ordinaire des paroisses.

Le processus de la conversion pastorale :

La paroisse de Montpon avait déjà été sensibilisée à l’évangélisation par l’ouverture d’un parcours Alpha, deux ans avant l’arrivée du nouveau pasteur.

Il a été porté principalement par les cellules paroissiales d’évangélisation. La vision pastorale a été élaborée ensuite. Comme pour d’autres expériences de conversion pastorale, d’autres initiatives se sont enchaînées : soirées de louange, création d’une équipe d’accueil.

La découverte de la démarche des cellules par le Père de Béru en 2000, il était alors séminariste, a été faite en dénichant dans une bibliothèque l’ouvrage « Evangéliser en paroisse » de Guiseppe Macchioni. Il avait ensuite suivi une cession à Sanary-sur-mer (Var).

Soucieux d’une véritable appropriation, le Père de Béru a envoyé par petits groupes des paroissiens à Sanary, à Milan (origine du mouvement des cellules) et au forum Communion Evangélisation à Toulon. Le retour enthousiaste de la majorité des participants a enclenché le processus.

La première étape, pendant le carême 2012, a été une formation au sein de la paroisse à l’évangélisation à partir de l’encyclique Evangelii Nuntiandi (l’annonce de l’Évangile aux hommes de notre temps, exhortation apostolique du pape Paul VI en 1975) : 7 soirées intégrant témoignage de conversion, louange, exposé des chapitres et partage).

Au même moment le Père de Béru devait changer d’EAP. Il a choisi les nouveaux membres après leur avoir parlé du projet de monter des cellules et en leur présentant comme une des choses qu’ils auraient ensemble à mettre en œuvre. Le choix des membres a été conditionné par leur accord vis-à-vis de ce projet.

L’EAP est devenue « la cellule guide » c’est-à-dire le groupe qui accompagne le pasteur dans la mise en œuvre du système des cellules. Le pasteur les a formés pendant 9 soirées à partir du manuel du leader proposé par la méthode. Puis cette cellule guide a organisé 9 soirées de formation, proposées à une cinquantaine de volontaires. Lors de ces soirées le pasteur a confié à tour de rôle aux membres de la cellule guide l’animation pour les mettre en posture d’enseignement et d’animation. Dans une dernière étape ont été créées 5 cellules provisoires, chacune composée de 8 à 10 personnes. Le regroupement s’est fait par affinité (critère important), avec une rotation des leaders au sein de chaque groupe pour identifier les charismes de chacun. Ces cellules se sont réparties sur plusieurs clochers.

Après cette phase d’expérimentation, qui a duré 3 à 4 mois, l’évêque est venu bénir et lancer officiellement le mouvement (octobre 2013). Un déroulé plus exhaustif figure en fin (plus d’info).

Après 5 ans d’expériences, 10 cellules d’adultes sont aujourd’hui constituées, regroupant 85 personnes (les paroissiens réguliers à la messe sont environ 250). Après 2 ans d’existence, la paroisse a décidé de faire passer les couples qui se préparent au mariage et ceux qui demandent le baptême de leur enfant dans les cellules pendant 3 rencontres, pour vivre une expérience fraternelle de vie chrétienne. A partir de là, s’est constituée une cellule pour des couples (et cette année une deuxième) pour accueillir ceux ayant été touchés par l’expérience et ne pouvant intégrer une cellule en raison de la fréquence hebdomadaire. Ils se réunissent toutes les 3 semaines. On peut commencer à voir des jeunes couples fréquenter la paroisse. C’est une réponse au problème du renouvellement des laïcs en milieu rural relevé par l’évêque dans son message pastoral (cf. contexte supra).

Il y a également 2 cellules de jeunes (15 jeunes 3° et lycéens) qui se réunissent une fois par mois.

A l’heure d’aujourd’hui, la croissance est toujours là mais dans une moindre proportion que lors des 2 premières années, qui avaient suscité un enthousiasme très communicatif.

L’inspiration et les appuis :

A l’origine de la vocation du Père de Béru, il y a l’image d’une église en croissance contenue dans les Actes des Apôtres, à l’opposé de la déchristianisation constatée en France.

La vision de la paroisse est d’abord le fruit d’une élaboration personnelle pour laquelle le Père de Béru a beaucoup prié. Le Père Mario Saint Pierre, théologien spécialiste dans la nouvelle évangélisation, et rencontré lors de formations nationales des cellules paroissiales d’évangélisation, fût celui qui lui fit ouvrir les yeux sur la nécessité d’une vision paroissiale. L’idée d’une vision s’appuie sur le livre de Néhémie. Elle permet de donner à une communauté une image de ce que sera la paroisse dans quelques années, image inspirée par Dieu, reçue dans la prière. Elle permet de donner une direction à l’ensemble de la paroisse, d’éviter ainsi l’éparpillement des efforts. Pour développer un processus visionnaire le Père de Béru s’est inspiré de lectures de paroisses en croissance sur le continent américain comme : Rebuilt, histoire d’une paroisse reconstruite (Michael White et Tom Corcoran, Editions Néhémie 2015) ou « L’Eglise une passion, une vision » de Rick WARREN (Ed. Ministère Multilingue International).

Diffusée début 2016, la vision paroissiale exprime le vœu de « (1) fortifier les membres dans leur relation d’amitié avec Dieu et entre eux, (2) de faire croître le nombre de personnes adhérant à Jésus, à les équiper pour qu’ils prennent en charge un ministère dans la communauté, (3) de répondre aux besoins des plus fragiles et des plus pauvres,(4) pour que Dieu soit loué et glorifié ».

Ces quatre objectifs s’accompagnent de deux priorités, se rapprocher des personnes loin de l’Eglise et arriver à un engagement durable des jeunes générations qui sollicitent encore l’Eglise pour ses sacrements, l’atteinte de ces deux priorités sollicitant les plus anciens de la communauté.

Les moyens externes énumérés sont Alpha comme porte d’entrée dans la communauté (avec la mise en place d’alpha parents ou d’alpha couples), les Cellules Paroissiales d’Evangélisation (CPE) comme expérience communautaire de la foi, les soirées Ecole de disciples de Palavra Viva. Se sont mis en place un cycle de formation annuel pour approfondir la foi, ainsi qu’une équipe d’accueil pour les messes du week-end. Cette année, la paroisse embauche une musicienne professionnelle et est en train d’essayer de monter une communauté pour les gens loin de l’Eglise, de milieu modeste, communauté qui se réunirait le dimanche après-midi autour d’une annonce kérygmatique de la foi.

Le mouvement (http://www.cellules-evangelisation.org/) a apporté son appui à la mise en place des cellules et depuis assure des formations, nationale (à Paris, à Fontainebleau) et internationales (à Milan). Le site internet, très riche, comporte aussi des e-formations.

Palavra Viva[1] est arrivé sur la paroisse en 2014, après une demande exprimée en 2011. Ils organisent trois fois dans l’année une semaine de mission dans les villages de la paroisse, accompagnent les préparations au baptême, font de l’accompagnement spirituel et animent des soirées de louange (soirées miséricorde) une fois par mois. Détail et coordonnées sur le site de la paroisse.

En 2017, le Père de Béru a participé au parcours « Pasteur selon mon cœur », de Talenthéo[2] et Alpha. Ce parcours a été une aide pour clarifier les intuitions, pour comprendre comment une paroisse peut croître, pour trouver des outils pour opérer le changement pastoral du pasteur lui-même et de la communauté. Il a permis aussi de valider la vision pastorale.

[1] Palavra Viva est une communauté dont la mission est d’annoncer Jésus au Monde, originaire du Brésil et présente dans quelques diocèses de France cf. https://actionenparoisse.com/accompagner_conversion_pastorale/

[2] Association de coachs accompagnant les paroisses. Voir http://www.despasteursselonmoncoeur.fr/

Conditions de succès, obstacles, enseignements :

  1. Au démarrage, il a fallu du temps au curé pour aller voir les paroissiens personnellement, leur parler du projet et les encourager à s’y inscrire puis, comme il a été mentionné, le souci d’appropriation par une petite équipe de paroissiens, autour de l’EAP, a été important pour le succès des cellules. Une des difficultés a été d’aller vers une approche nouvelle, les propositions spontanées des paroissiens allant plutôt vers la reprise de mouvements connus (le Mouvement Chrétien des Retraités ou les Equipes Notre-Dame) qui ne correspondent pas forcément aux besoins des jeunes générations.
  2. Un autre point d’attention, important, a été de veiller à ce que les cellules soient composées de membres venant de villages différents. En milieu rural, un des risques est que des personnes qui vivent dans le même village depuis longtemps, qui se connaissent très bien, forment ensemble un clan peu ouvert à ceux qui arriveraient. Nous leur avons demandé de constituer des cellules en se mélangeant et en acceptant de vivre cette expérience avec des personnes qu’elles ne fréquentent pas habituellement. Ce qui est une vraie contrainte compte tenu des distances parfois importantes entre les différents secteurs de la paroisse. Ne pas les sensibiliser à cette question faisait courir le risque d’avoir des cellules qui se replient sur elles-mêmes, qui deviennent des groupes de prière fraternels mais qui n’évangélisent pas. La tentation est permanente.
  3. L’une des conditions du succès réside dans l’accompagnement des leaders de cellule par le pasteur et la responsable (« la coordinatrice »). Durant les 3 premières années, le pasteur réunissait chaque semaine les leaders pendant 1h30, pour avoir un écho de ce qui se vivait dans les cellules, pour aborder les problèmes rencontrés, pour approfondir la méthode et des questions autour de la nouvelle évangélisation.

Dans la durée, les difficultés recensées par la responsable des cellules sont :

  • trouver de nouveaux leaders : fonction humainement et spirituellement exigeante demandant de la disponibilité,
  • trouver des leaders qui soient des formateurs de disciples nouveaux pour évangéliser
  • assurer l’unité, l’accompagnement des leaders, la coordination des cellules lorsque leur croissance numérique demande de passer à la structure supérieure (avec des leaders de division). La formation spirituelle de la communauté est une exigence fondamentale. Elle doit conduire à une vraie vie de prière et une vraie vie de partage. Un enseignement est dispensé par le curé toutes les semaines aux cellules (sous forme de topo). Le pasteur commente l’Evangile de Saint Matthieu et au gré des demandes aborde des questions de la vie spirituelle.
  • Mais cela ne l’empêche pas de conclure «l’Esprit Saint veille en permanence et nous aide à les affronter avec joie ! ».

Au final, la convergence entre une volonté interne, une vision partagée qui n’a été formalisée qu’après coup et des appuis externes multiples a permis d’engendrer la dynamique actuelle.

Les fruits :

Le rêve du Père de Béru est une communauté qui aura doublé à l’issue de sa mission. En 2018, les effectifs se sont stabilisé ce qui est déjà une performance car la communauté est âgée et beaucoup sont partis. Elle s’est rajeunie avec l’arrivée de jeunes couples. Le Père de Béru avait repéré à son arrivée 4 ou 5 paroissiens parlant très facilement de leur foi en public ou autour d’eux. Aujourd’hui entre 20 et 25 membres de cellules ont évangélisé une ou plusieurs personnes.

Mais c’est surtout au niveau de la croissance spirituelle de la communauté, d’une église plus fraternelle et spirituelle, d’un engagement plus fort des paroissiens dans les différents services et d’une croissance des disciples missionnaires engagés dans l’évangélisation que les fruits sont perçus. Un papier en fin d’article élaboré par l’équipe paroissiale en donne le détail, avec quelques points saillants :

La croissance spirituelle se traduit par plus de spontanéité dans la prière, une lecture plus assidue de la Bible et comme résultat « une vision du monde et des personnes plus positive et plus joyeuse ».

En cassant les barrières sociales, les cellules ont rendu la paroisse plus ouverte et elles ont été à l’origine d’une équipe d’accueil appréciée des nouveaux arrivants.

Davantage engagés, les laïcs deviennent plus co-responsables de la vie paroissiale.

Plus d’info :

Site : http://www.paroissedemontpon.fr/

Contact : Père Bruno de BERU, paroissedemontpon@wanadoo.fr, Tel: 05.53.80.30.71

Documents : Les fruits des CPE sur paroisse 2018

Cette fiche en pdf : Conversion pastorale de Montpon